Aventure Temporelle
Mathieu L'Heureux Roy
Résidence | Du 28 juillet au 10 août 2024
Parc de l'Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé
Dans le cadre de notre nouveau programme de résidences artistiques en partenariat avec le Parc national de l’Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé, les artistes Laurie Girard, Mathieu L’Heureux Roy et Karine Leblanc mèneront chacun·e une résidence de création d’une durée de 2 semaines dans la Maison Kittie Bruneau sur l’Île Bonaventure.
Mathieu L’Heureux Roy, à travers le projet Aventure temporelle, souhaite revisiter l’histoire photographique de l’île Bonaventure via le centre d’archives de Gaspé et autres sources de valeur historique. En s’inspirant des angles de vues de ces endroits, d’autres clichés sont créés à l’aide d’appareils argentiques s’apparentant à ceux qui furent utilisés à l’époque.
Cet exercice qui peut sembler simple est en réalité assez complexe et tente de révéler l’appropriation du territoire par l’humain. Cette façon de revisiter l’histoire avec le même médium de documentation qu’à l’époque soustrait l’apport technologique à la perception du spectateur. Parfois, sans cette démarcation, la temporalité semble se complexifier. La réflexion du spectateur cherche ainsi à s’accrocher au peu de vecteur temporel à l’intérieur du cadre.
Mathieu L’Heureux Roy souhaite aussi inviter les anciens résidents encore vivants à participer à une séance de portrait sur l’île. Le projet visant à dresser un inventaire photographique de l’île, il trouve aussi pertinent d’y inclure l’humain; celui de l’époque et celui d’aujourd’hui, trouvant un angle empreint de temporalité où le souvenir et le présent se confondent, laissant place à l’imagination.
Biographie
Mathieu L’Heureux Roy a eu la chance de grandir avec un appareil photo ; tout jeune, il était heureux de saisir certains moments. Après un certain temps, il a réalisé le potentiel de ce médium. Il a étudié la photographie au Canada et en Australie où il a rencontré des professeurs formidables. À travers son travail et ses voyages, Mathieu L’Heureux Roy a rencontré de nombreux photographes, certains plus célèbres que d’autres, mais la plupart ont une chose en commun : ils ont un devoir d’archives, le devoir de mémoire. Invité par le Banff Art Center pour effectuer des tirages en 2001, il n’a pas arrêté de travailler en photographie depuis : photographe en chef pour ACP Media en Nouvelle-Zélande, membre fondateur d’ACPress en 2003 et président jusqu’à sa dissolution en 2011. Photographe pigiste et technicien de laboratoire, tireur professionnel (en chambre noire), Mathieu L’Heureux Roy a ainsi accumulé 20 ans de travail en photographie. Depuis 2014, ses œuvres se retrouvent dans plusieurs collections privées : en France, en Suisse, en Italie, au Canada (Québec, Ontario, Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, Alberta, Colombie-Britannique, Yukon), aux États-Unis et en Australie.
Démarche artistique
La photographie de Mathieu L’Heureux Roy est ancrée dans les sciences humaines ; l’humain l’a toujours fasciné, le poussant vers la fatalité et faisant naître l’improbable. À travers sa pratique artistique, il utilise un procédé argentique pour se rapprocher de l’état de création qui lui permet de retrouver la respiration, les gestes, la sensation, et d’apprivoiser l’approche temporelle de la photographie. La représentation en photographie change les perceptions, crée des symboles, contextualise aussi bien qu’elle contribue à explorer “l’impensé”. Pour Mathieu L’Heureux Roy, la photographie demeure à mi-chemin entre l’art et le constat de réalité. L’acte photographique fait appel au constat de réalité ; par la capture d’image d’un territoire est créé un paysage qui fait appel à l’imaginaire du spectateur. L’espace créé entre ces deux pôles, réalité et imaginaire, est propre à chaque individu selon ses expériences de vie précédentes.
La photographie percute, touche, s’immisce dans la vie des gens par les sentiments ressentis antérieurement. Cette dualité, propre à la photographie, l’a toujours interpellé.
Comment en est-il arrivé là ? Où va-t-il ? Pourquoi construire en détruisant ? Pourquoi tout laisser en friche ? Lorsque l’on remet en question la rationalité de l’être humain, on se rend compte que cette rationalité est malléable. La capacité d’adaptation de l’être humain est plus grande que son intelligence. L’humain n’a pas besoin de plus d’intelligence ; il a besoin de plus de sagesse.
En s’inscrivant dans le “nous”, dans notre histoire et dans nos sentiments collectifs, il invite le spectateur à se questionner sur différents aspects de sa propre vie, partagés par chacun de nous. Il est important pour lui d’être dépourvu d’esthétisme. Il arrive un temps où la simplicité se complexifie. Il aime les choses simples ; lorsque l’on réussit à dépouiller l’œil du superflu, une certaine banalité intrinsèque se révèle. Cette banalité, partagée par tous, devient après un certain nombre d’années l’expression du vecteur social vécu.
La photographie étant ancrée dans l’humain et/ou vice versa, l’acte photographique devient ou est simplement un procédé qui donne une dimension à la réalité humaine.
Événement
Nous sommes ravi·e·s de vous inviter à une activité de photographie extérieure et déambulatoire sur l’Île Bonaventure avec l’artiste Mathieu L’Heureux Roy! L’activité, qui aura lieu jeudi le 8 août à 12h30, invite à parcourir les souvenirs de l’île à travers la photographie. Suivez le photographe s’inspirant de photographies d’archives pour à votre tour composer de nouvelles photographies dans un parcours de 2km. Ce sera l’occasion de discuter avec l’artiste, et de participer à l’élaboration de la composition et aux phases décisionnelles derrière la création. L’artiste invite les participant·e·s à porter un regard différent sur ce passé chargé d’histoires, de nostalgie et de souvenirs. Les photographies seront réalisées à l’aide d’une caméra film 4×5 Linhof.
Voir l’événement ici.
Remerciements
Nous tenons à remercier nos partenaires, grâce à qui ce programme de résidences a été rendu possible : la Sépaq et le Conseil des arts et des lettres du Québec.