Afin d’éviter tous ces noeuds

Ludovic Boney

Exposition | 13 février au 3 mars 2020

Le concept du passage est associé à l’expérience « de la traversée » et c’est sur cet aspect, en particulier, sur l’expérience esthétique (des sens) que Ludovic BONEY porte son travail en sculpture. Par un dispositif d’immersion, il souhaite confronter notre corps aux objets, aux formes et aux dimensions.

 

Il propose donc une œuvre que le spectateur peut parcourir : 50 planches placées comme autant de rangées en culture sur lesquelles sont « ensemencées » 2000 tiges de métal couronnées de sacs de plastique récupérés. Au cœur d’un champ de plastique évocateur de problématiques contemporaines, la lecture sémantique est contaminée par l’expérience sensorielle.

 

Il faut donc de se déplacer sur des madriers souples — hyperbole du plancher de la salle d’exposition — et de se sentir simultanément en dehors du lieu – l’impression d’être dans un champ, à l’extérieur de la salle. C’est cette idée d’être « dans » et « en dehors » du lieu qui l’intéresse particulièrement et des points de vue possibles de la proposition.

 

L’œuvre présente un intérêt expérientiel lors du passage, mais également en tant qu’installation sculpturale à observer depuis l’extérieur du champ. Le mouvement chorégraphique des tiges, le corps du spectateur apparaissant en filigrane et dont la tête est cachée par les épis de plastique offrent un paysage intriguant.

 

Lien :

Site de l’artiste : ludovicboney.com

Démarche artistique

Inscrit dans une recherche formelle aux tendances post-minimalistes, Ludovic BONEY intègre nécessairement les contraintes du matériau au concept de ses œuvres. Ses sculptures prennent des allures de structures esthétiques, les plans et les pleins laissent place aux lignes et aux vides pour signifier la création de nouveaux espaces : intimes et discrets. Ainsi, l’intériorité de la sculpture prend de plus en plus d’importance jusqu’à parfois semer une certaine confusion sur l’essence de l’œuvre et son influence sur ce qui l’entoure.

 

Puisque ce sont les ambiances des lieux qui l’inspirent, ses sculptures sont toujours empreintes de celles-ci pour s’y intégrer harmonieusement au moyen de références esthétiques idiosyncrasiques. Les mécaniques, ainsi que le bruit qu’elles produisent, sont des éléments qu’il intègre autant dans la recherche, le développement de la forme, le choix de la matière que dans l’élaboration du concept. De ces juxtapositions se dégage un effet d’unité de vibrance. Les formes qu’il crée sont volumineuses et leur robustesse est invariablement contrastée par une impression perturbante d’équilibre précaire qui suscite, chez le spectateur, un questionnement ou une incitation à la contemplation.

 

Plus récemment, sa recherche s’est tournée vers des sculptures sonores et immersives. En invitant le spectateur à participer à ses installations sculpturales, il crée des tableaux où le spectateur devient l’un des éléments de composition de la proposition.

 

Sa pratique, naturellement formaliste, assume un discours et une appartenance à sa culture autochtone. Il est un artiste multiculturel issu d’une culture hybride. Il associe une tradition culturelle à une esthétique contemporaine et, de fait, il participe activement à une conciliation de la culture canadienne-autochtone.

 

 

Biographie

Né le 30 juin 1981 à Wendake, village Wendat proche de la ville de Québec, Ludovic Boney grandit et fait sa scolarité dans la capitale provinciale.

 

À la sortie de l’école de sculpture en 2002, il participe à la fondation du Bloc 5 (atelier de production artistique) avec quatre autres artistes. Il y travaille et réalise ses premiers projets d’art public en son nom, mais également en collaboration avec de multiples artistes. Depuis 2015, il est installé à Lévis où il continue d’œuvrer dans des projets d’art public de grande envergure et présente son travail régulièrement en galeries ou dans des centres d’artistes. Il a récemment présenté son travail au A Space Gallery de Toronto, au centre d’artiste le Lieu à Québec et à la galerie Antoine-Sirois de l’Université de Sherbrooke.

 

En 2017, il reçoit la bourse Reveal offerte par la fondation Hnatyshyn et est sélectionné dans la longue liste du Prix Sobey. Il est récipiendaire de plusieurs bourses du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des arts du Canada. Parmi ses dernières réalisations marquantes en art public, on notera son impressionnante Réaction en chaîne installée en décembre dernier à l’École de Technologie Supérieur de Montréal (2019), l’imposante Cosmologie sans Genèse du Musée National des Beaux-Arts du Québec (2016), ou la spectaculaire Loess à l’amphithéâtre de Trois-Rivières (2016). Ses œuvres font partie de plusieurs collections privées au Canada et en France.