BALBUTIEMENTS D’ATELIER ― pose la question du commencement et de la fin du geste de création. À travers son oeuvre, Barbara Claus questionne cet espace entre le balbutiement, le rêve, l’aube de la création et le moment décisionnel qui arrête un processus pour le sortir de l’atelier. Le geste est minimal ou foisonnant, possédant une forme d’immédiateté, voire une intensité résultant de l’immersion dans le temps et la substance. L’artiste au travail s’imprègne du lieu, observe la lumière naturelle insaisissable ; elle trace une ligne, écrit, grave un mur, colle une feuille d’argent. Développant ainsi au fil des jours de sa résidence, un espace intime où la notion de frontières entre l’atelier, la galerie et le monde extérieur s’entremêlent.
Ici, l’artiste est à l’œuvre, son travail mis à nu, sa vulnérabilité partagée, exposant le parachèvement de l’espace sous forme de dialogues poétiques. Elle questionne la finitude, notre capacité à accueillir l’incomplétude, voir à accepter l’imperfection du processus de création, plutôt que produire un objet pour le marché de l’art.
Là, elle a déposé des urnes à pigments pour encapsuler sa collection de pigments accumulés depuis le début de sa pratique artistique. Ces formes organiques sont réalisées en collaboration avec l’artiste souffleur de verre Dylan Duchet. Là encore, des lignes de poudre bleue surgissent du haut du mur, ou des feuilles d’argent captent ces moments fugaces de reflets de lumière…
Barbara Claus prend le parti pris radical de l’éphémère, telle une quête au sein de l’impermanence des choses. L’œuvre se vit, forçant ainsi une qualité de présence. L’instant d’une réalisation in situ, elle aspire à ce que l’on puisse regarder, faire une expérience esthétique ; prendre pleinement conscience de ce qui nous entoure dans l’infiniment poétique. Ces interventions, bien que réfléchies, relèvent plus souvent de l’imprévisible alors que le monde actuel semble vouloir contrôler de plus en plus les choses et les êtres.
