Sous les vagues, une voix s’élève

Fanny Mesnard

Percé | Exposition | Du 3 juillet au 30 août 2025

Dans un esprit de dialogue interrégional entre Carleton-sur-Mer et Percé, le Centre d’artistes Vaste et Vague, en collaboration avec le Musée Le Chafaud, a invité Fanny Mesnard à concevoir une installation multidisciplinaire inédite, pensée en résonance avec le bâtiment patrimonial du Chafaud. Ancien entrepôt de morue salée séchée, ce lieu chargé d’histoire conserve une forte empreinte matérielle et symbolique : son architecture singulière, ses boiseries d’origine et sa spectaculaire proue de bateau en témoignent. L’artiste a choisi de s’imprégner de cette mémoire pour créer une œuvre habitée par la mer, la pêche et les récits qu’elles inspirent. De cette rencontre est née l’exposition Sous les vagues, une voix s’élève.  

Si certaines œuvres puisent directement dans le folklore gaspésien, d’autres s’inspirent des imaginaires issus de divers territoires arpentés par l’artiste au cours des deux dernières années : de la Norvège (Nordisk Kunstnarsenter Dale) lors d’une résidence de création, de plusieurs séjours au Nunavik, ainsi que d’un retour sur les rives de la Charente, sa région natale en France. À chaque territoire traversé, Fanny Mesnard s’inspire des différentes faunes, flores et légendes — qu’elle entrelace pour faire vibrer ensemble les paysages, les écosystèmes et stimuler l’imaginaire. Par la marche, l’observation et la dérive, elle apprivoise les lieux et traduit ses expériences sensibles en figures hybrides, en motifs et en compositions.

 

Composée de peintures, sculptures, et autres interventions in situ, l’exposition Sous les vagues, une voix s’élève s’ancre dans son contexte immédiat ; on y retrouve l’atmosphère singulière de la Gaspésie et des clins d’œil aux légendes du littoral. Des créatures réelles ou imaginaires peuplent les œuvres : poissons, cétacés, coquillages, motifs sous-marins et autres fééries terrestres. Au cœur de ces compositions émerge une figure centrale, celle de la sirène. L’artiste en propose une relecture contemporaine, féministe et poétique, en tant que symbole de mémoire, de métamorphose et de puissance.

 

La sirène traverse les mythes et les territoires en changeant de forme, mais elle est toujours porteuse d’un pouvoir subversif. Ailée dans la Grèce antique, elle chante la perte des marins. Déchirée dans le Grand Nord, la figure de Sedna devient la mère des profondeurs après avoir été trahie par les siens. En Scandinavie, les huldras, sortes de sirènes des forêts, séduisent sous des traits féminins, mais leurs queues de vache révèlent leur altérité. Dans les légendes médiévales et scandinaves, les sirènes prennent la forme que nous retrouvons encore à ce jour : mi-femmes mi-poissons, elles voguent jusque dans le golfe du Saint-Laurent. On raconte même qu’un groupe d’entre elles se serait aventuré en Gaspésie. Certaines erreraient désormais entre les Îles-de-la-Madeleine et l’île d’Anticosti. À travers ces récits se retrouve la figure d’une féminité indomptée, souvent redoutée, parfois punie — toujours forte et résiliente.  

 

Dans la continuité de ses préoccupations artistiques, Fanny Mesnard lie ces légendes et représente la sirène par des voix contemporaines qui l’érigent en un symbole de puissance, d’insoumission, et de renaissance. Au cœur de sa démarche, une idée essentielle : celle du soin — prendre soin de soi, des autres et du vivant. À travers une esthétique onirique et sensible, elle cherche à réenchanter les gestes simples — manger, marcher, nager, dormir, rêver — en créant des œuvres où la nature et le sentiment d’«être ensemble» se fondent l’un dans l’autre. Il s’agit d’une invitation à apprivoiser le monde sauvage pour s’en faire des refuges de douceur, apaisants et ouverts à stimuler l’imaginaire de chacun.

Biographie

Fanny Mesnard a complété deux Maîtrises à l’université d’Aix-Marseille et à l’École Supérieure des beaux-arts de Marseille-Luminy (2004), développant son univers artistique à partir de la peinture. Arrivée au Québec en 2008 pour participer au Symposium de Baie-Saint-Paul, elle est devenue une artiste multidisciplinaire qui réfléchit à partir du dessin. Ses allers-retours entre la peinture, la sculpture céramique, la performance, la création textile, le travail d’installation et ses immersions ponctuelles dans la nature nourrissent son imaginaire et lui permettent de développer une mythologie personnelle en faisant évoluer son vocabulaire esthétique.  

 

Au cours des quinze dernières années, elle a réalisé de nombreuses expositions solos et collectives, au Canada et en Europe. Pour Manif d’art 9 (Musée national des beaux-arts du Québec, 2019) et à la Salle Alfred-Pellan la Maison des arts de Laval (2021), elle a produit deux installations d’envergure immersive. Depuis 2018, elle œuvre également en art public, en solo ou au sein du duo Demers-Mesnard. Elle a reçu le soutien financier du CALQ et du CAC plusieurs fois, notamment pour développer sa recherche lors de résidences qui lui permettent d’explorer le conte, le folklore et la danse comme moyens de manifester une appartenance à un territoire, pour s’y ancrer et s’y rencontrer. Ses œuvres récentes sont peuplées de faunes, personnages anthropomorphiques qui portent les traces des lieux traversés et des performances réalisées avec des enfants, des danseuses, et des sculptures interactives.

 

Pour en savoir plus, visitez le site web de l’artiste en cliquant ici.

Événement

Nous avons le plaisir de convier le public au vernissage de l’exposition Sous les vagues, une voix s’élève de Fanny Mesnard, le jeudi 3 juillet 2025 à 17h. L’événement, qui se tiendra au Musée Le Chafaud (Percé), est gratuit et ouvert à toutes et tous. Des rafraichissements et des bouchées seront servis.

Remerciements

Le Centre d’artistes Vaste et Vague tient à remercier le Conseil des arts et des lettres du Québec pour son appui financier. Nous remercions également le Musée Le Chafaud pour leur collaboration.

Images
Fanny Mesnard, Sous les vagues, une voix s’élève, 2025. Crédit photo : Guillaume D. Cyr