Vaste et Vague | LA CONCORDANCE DES TEMPS | HIVER | Nadia AÏT-SAÏD

Nadia AÏT-SAÏD, Pabos

TENIR FEU ET LIEU | Installation

Expo-résidence : du 26 janvier au 25 mars 2017
Vernissage |Présentation publique en présence de l’artiste  : le vendredi 10 mars à 17 h

Dans le cadre des festivités du 250e de Carleton-sur-Mer

Chaque foulard a son histoire, son sacré, son secret

Vaste et Vague - LA CONCORDANCE DES TEMPS - Hiver

« L’hiver suppose la gestation, la lumière contre l’obscurité, le souterrain (de la mort à la vie), l’incubation, la survie, le coeur, le ventre, l’humide, le lourd. Il suppose de ralentir, de se poser, de descendre, d’observer, de contempler.

 

L’hiver, les bulbes se cachent, les larves s’enterrent, les vers se retirent vers des couches plus profondes, des espèces migrent vers la chaleur.

 

Au sein des saisons de Vaste et Vague, l’hiver formera l’organe incubateur. Il s’agira dans ce segment hivernal de plonger dans les couches plus profondes de la création, celles qui ne se manifestent qu’à force de temps, de silence, d’écoute et d’introspection. »

 

Caroline Loncol Daigneault,

Idéatrice de la saison hivernale

L’artiste gaspésienne Nadia AÏT-SAÏD investit la saison hivernale Tenir feu et lieu. Elle entame le premier volet matériel d’un projet continu intitulé Madras. Oeuvre en processus, Madras prend la forme d’un projet participatif guidé par un geste de partage, de circulation et d’offrandes.

 

Depuis 2011, l’artiste procède à une collection attentive de foulards à travers le monde, en vue de créer une oeuvre sensible où chaque tissu a son histoire. La cueillette a pris place à l’origine en Algérie et s’est poursuivi à Berlin et Amsterdam, pour s’étendre ensuite en France et à Montréal et revenir désormais au coeur des lieux habités par l’artiste. Elle associe ces objets réunis à des performances, des images photographiques et vidéo pour capter les différents récits initiés par les dons des participants et transformés par l’artiste. Pour l’exposition-résidence présentée dans la galerie de Vaste et Vague, Nadia Aït-Saïd déplacera durant cette saison son atelier. Elle réalisera également des mises en scène photographiques en site extérieur et des interventions participatives dans le théâtre du Quai des arts où il sera question de coprésence et d’interdépendance.

 

Le foulard est un objet simple et significatif sur le plan social, politique et culturel. Il est utilisé symboliquement par l’artiste pour faire résonner ses sens ouverts. Un madras est une étoffe à chaîne de soie et coton de couleurs vives. Il rappelle à l’artiste le ver à soie à l’origine de sa fabrication. Madras poursuit ainsi le processus de libération qu’évoque la mutation vivante du ver, le passage de la chrysalide au papillon, Il suggère à l’instar de l’hiver, l’enveloppement et l’incubation ; à l’abri de la lumière, le déploiement sourd des formes.

 

Le 250e est nécessairement une occasion de célébrer les liens, les chaînes de vie qui se sont tramées qui en un lieu dit ont forgé une communauté. Or si l’artiste touche effectivement au phénomène de la descendance et de la transmission, elle le fait en misant une mixité identitaire et culturelle qui déborde largement les attachements familiaux. De même, il est question dans ce projet de Madras de la double portée des voiles, d’ouverture et de fermeture, leur capacité d’enveloppement, mais aussi leur capacité d’aveuglement, d’étouffement. C’est en jouant avec ces facettes troubles et multiples du foulard, de l’identité et des célébrations, que l’artiste cherchera métaphoriquement à créer des liens, à faire tomber des voiles.

Démarche de l’artiste

 

Nadia Aït-Saïd mobilise l’expérience sensible du présent pour transformer notre rapport au monde et en explorer l’impermanence. Si une des ramifications souterraines et sensibles de son travail s’articulait auparavant autour du récit intérieur et des origines, c’est pour mieux les renégocier constamment et s’en détacher aujourd’hui à l’aide de différents matériaux, images et gestes qui échappent à un strict attachement culturel ou identitaire pour ainsi révéler une identité plus profonde.

 

Elle façonne, moule, maroufle, relie, grave, coud, recouvre et assemble. À la fois répétés et minutieux, méditatifs et contemplatifs, les gestes simples et fondamentaux de l’artiste utilisent des matières brutes et humbles, parfois issues de collectes. Ils se poursuivent en geste à la fois de déploiement et de dévoilement, d’effacement et de révélation des couches de sens.

 

Nadia Aït-Saïd crée des œuvres évolutives et immersives qui s’appréhendent en différentes strates et se déclinent dans la simplicité autant que dans la multiplicité. Elle développe une texture-matière qui infiltre en filigrane chacun de ses créations pour illustrer métaphoriquement cette notion de l’essence qu’elle tente de cerner. Ses tableaux reliefs et ses vastes installations sont composés de formes épurées et de silences visuels propices à suspendre le temps pour nous mettre face à une présence fondamentale.

Au cœur de la thématique Tenir feu et lieu notons l’acte de bâtir, d’habiter et de tisser des liens.

 

Une projection vidéo contre la façade de la bibliothèque du Quai des arts de l’œuvre Brûlure de textes de l’artiste en résidence Nadia Aït-Saïd, se dresse face à l’infini de la mer tel un phare.

 

C’est dans la continuité des gestes de dépouillement et de transformation posés par l’artiste que Maryse Morin, ethnologue, faisant le pont entre l’art et l’anthropologie, eu l’idée d’étendre les gestes collectifs et rassembleurs de l’artiste Nadia Aït-Saïd, telle une fenêtre jusqu’à la population de Carleton-sur-Mer.

TENIR FEU ET LIEU fait partie de la programmation spéciale  LA CONCORDANCE DES TEMPS qui s’inscrit dans les célébrations du 250e anniversaire de Carleton-sur-Mer par  « la tenue d’activités festives, inclusives, rassembleuses et novatrices qui témoignent de sa culture, de son identité et de son savoir-faire, tout en léguant un héritage significatif aux générations actuelles et futures. Le festif s’exprime dans les couleurs, la lumière, le dynamisme qu’il faut apporter à la programmation. Le festif doit s’exprimer chaque saison ; le plus grand défi est la saison hivernale, qui marque le début des Célébrations. »[1]

[1] Vision des Célébrations du 250e de Carleton-sur-Mer

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