Cinédanse en basse technologie pour corps et écrans en mouvement, PEAU est une partition dansée dans laquelle les mouvements créent des couches de son et les images se déclinent en différentes couches de sens. Les écrans-corps et les corps-sonores proposent des profondeurs de champ inusitées, d’un plan à un autre, dans un horizon de réverbérations. Toutes ces « peaux » et ces surfaces s’entrechoquent, créant des pleins et des vides dans l’image en mouvement que devient la scène. Dans cette partition multidisciplinaire, les cinq performeuses sont à la fois sujets, techniciennes, danseuses et surfaces de projection. Elles naviguent aisément à travers toutes ces couches, en font un assemblage exubérant et mutant. Leurs dispositifs chorégraphiques et audiovisuels sont faits d’images en constante transformation, grâce à des sources lumineuses et sonores portatives. Entourées de quelques machines, fils et extensions électriques, leurs corps habitent l’espace en incarnant une image peut-être floue, hors focus. Elles adhèrent à l’ambiguïté de leurs présences. Lentement, mais pas au ralenti, elles interrogent les objets qui composent le paysage où leurs corps évoluent : table, chaises, mini projecteurs vidéo, faisceaux de lumière, ordinateur portatif, papier, matières translucides, bâches, console de son, mini haut-parleurs. Avec le plus de simplicité possible, elles créent différentes surfaces de projection avec leurs peaux, leurs visages, leurs cheveux, et tous les objets à leur portée.
DÉMARCHE ARTISTIQUE
Avec PEAU, Priscilla Guy poursuit sa réflexion critique sur les images et les écrans en se focalisant sur l’autoreprésentation des femmes. Portée par une volonté féministe et expérimentale, l’artiste basée à Marsoui s’allie à l’artiste en danse, Emilie Morin, et à l’artiste sonore, Elizabeth Millar, pour lancer une enquête esthétique sur les corps, les sons et les images. De l’image lumineuse de nos téléphones cellulaires à la surface diaphane des écrans, en passant par nos épidermes sensibles, PEAU propose une réflexion engagée et critique sur la construction du plaisir visuel, mais surtout, sa mutation. Le travail de mouvement et l’art sonore viennent proposer des images alternatives : images en trois dimensions, images que l’on devine à partir de ce que l’on entend. Si l’autoreprésentation des femmes est un vecteur d’émancipation, la mutation constante de leur image est peut-être une avenue à explorer pour échapper aux images prévisibles.
BIOGRAPHIE