Corespirer
Julie Roch-Cuerrier
Résidence de création
Du 22 avril au 5 mai 2024, Carleton-sur-Mer
Sortie de résidence : Samedi le 4 mai à 10h
Dans le cadre de sa résidence, Julie Roch-Cuerrier souhaite engager une corespiration avec la communauté et l’environnement de Vaste et Vague, en développant un nouveau corpus d’oeuvres en verre soufflé qui témoignent des spécificités du lieu et de ses différents écosystèmes : naturels et sociaux. Territoire marqué par l’industrie touristique et pêchière, et les déplacements humains et matériels qui s’y rattachent, Carleton-sur-Mer est un lieu riche de significations et d’histoires. Ce contexte inspire Julie Roch-Cuerrier à réfléchir au concept de la corespiration en lien avec les notions d’écologie, d’enracinement, de mouvement, d’éloignement, d’extraction et de réconciliation. Prenant source dans une démarche dialogique et relationnelle, le projet de résidence Corespirer avec Carleton-sur-Mer prend la forme de conversations, d’expérimentations matérielles et d’explorations sur le terrain. Au fil de ces rencontres, avec individus, matières et paysages, différents artéfacts sont collectés ou construits. Ces objets agissent comme des manifestations, à la fois tangibles et conceptuelles, des liens créés avec une communauté et un territoire, et servent de point de départ pour la création de sculptures en verre soufflé. À la fois empreintes physiques d’artéfacts trouvés et matérialisation conceptuelle des liens qui unissent un territoire à sa communauté, les oeuvres utilisent l’intimité du souffle pour révéler l’architectonique d’un lieu. Ce temps de recherche et d’expérimentation à Vaste et Vague, permet à Julie Roch-Cuerrier d’investir un nouveau territoire de création, inspiré de la communauté de Carleton-sur-Mer et du territoire gaspésien. Grâce à ces recherches, elle souhaite explorer le caractère fluide et poreux de la corespiration, et ouvrir la possibilité d’imaginer de nouvelles façons de respirer ensemble. Le contexte de la résidence offre un espace de réflexion singulier qui valorise le caractère collectif et multiple de la corespiration. Il réside au coeur du projet une volonté d’explorer les valeurs de coopération, d’échange et de partage qui donnent sens à cette corespiration.
Durant sa résidence à Vaste et Vague, Julie Roch-Cuerrier approfondira ses recherches en lien avec le concept de la corespiration, en orientant ses expérimentations vers de nouveaux processus biologiques temporels et transformationnels. Ainsi, elle repensera ses explorations matérielles pour que les éléments utilisés dans ses compositions reflètent davantage les spécificités d’un environnement naturel précis. Le contexte de Carlton-sur-Mer, avec sa proximité avec la nature et son écosystème côtier, en fait un lieu propice au développement de son projet. Plus précisément, elle explorera l’utilisation de trouvailles locales pour développer de nouvelles compositions dans ses oeuvres en verre soufflé qui font écho au territoire gaspésien. Ses intérêts de recherche actuels sont ancrés dans une approche qui met l’accent sur les sensibilités et les spécificités inhérentes aux matériaux naturels. Cette nouvelle approche dans son travail, axé sur la transfiguration matérielle, lui permettra d’explorer plus en profondeur les forces qui façonnent la corespiration. À travers ces expérimentations, Julie Roch-Cuerrier cherche à questionner les histoires et les significations dont sont empreints les organismes naturels. Sa résidence lui permettra d’approfondir ses réflexions sur la manière dont l’Histoire s’enchevêtre inévitablement au territoire. À travers ces recherches, elle souhaite interroger les liens entre matière organique, histoire et conservation, afin de repenser les modes de guérison ou de résistance aux systèmes de pouvoir dominants. A travers ces expérimentations sur le potentiel radical de la matière organique, Julie Roch-Cuerrier espère que la corespiration pourra prendre vie, par la matérialité et les processus biologiques qui deviennent partie intégrante de l’oeuvre. À travers ces développements, elle aspire à ouvrir la possibilité d’imaginer de nouvelles façons de respirer ensemble et à offrir une réflexion sur le monde et les changements qui y ont cours.
Démarche artistique
De nature multidisciplinaire, la pratique de Julie Roch-Cuerrier s’intéresse au passage du temps comme sujet vivant, et aux processus temporels et transformationnels de la matière brute. Dans son travail, les matériaux sont de sens et invitent le regardeur à poser un oeil attentif sur le monde qporteursui l’entoure. Son processus prend la forme de recherches qui regroupent sculptures en verre soufflé, moulages en bronze, expérimentations pigmentaires et projets de correspondances écrites. Imprégnées d’un regard poétique, ses oeuvres témoignent de processus de rencontres et de transformations desquels émergent différentes manières d’être. Influencée par les théories néo-matérialistes, elle questionne l’agentivité des objets, l’aspect transitionnel de la matière, et les espaces où se croisent le vivant et le non-vivant. Les recherches de Julie Roch-Cuerrier portent essentiellement sur le potentiel d’interprétation et de reconfiguration du temps. Ses oeuvres réfléchissent à la possibilité de matérialiser le temps, en soulignant l’intime sensation que nous pouvons avoir de la durée. Dans ce travail, elle incorpore des processus biologiques dynamiques et métamorphiques comme partie intégrante de ses compositions. Imaginées comme des rencontres contemplatives, entre le public et l’oeuvre, ces expériences témoignent d’une acceptation de l’imprévu et d’une fascination pour le vivant. Dans ses oeuvres récentes, Julie Roch-Cuerrier approfondit ses expérimentations à travers un nouveau concept: la corespiration, qu’elle tente de matérialiser à partir du verre soufflé. Ses recherches se tournent vers une unité de mesure du temps particulière et unique à chacun : l’acte de respirer. Le mot co-respiration évoque pour elle un dialogue ou une relation intime, un événement silencieux, mais fondamental, dont le préfixe implique une collaboration avec l’autre. Devant l’impossibilité de concevoir une corespiration dans le présent, Julie Roch-Cuerrier tente d’imaginer, à travers la proximité et l’interaction de formes soufflées, un futur dans lequel l’autre est plus proche.
Biographie
Julie Roch-Cuerrier est une artiste en arts visuels qui vit et travaille à Montréal, au Canada. Elle est titulaire d’une maîtrise en arts imprimés du Royal College of Art de Londres et d’un baccalauréat en arts visuels de l’Université Concordia de Montréal. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions individuelles et collectives au Canada et à l’international, notamment à SAGAMIE (Alma, 2023), au Centre Skol (Montréal, 2022), à Guna Contemporary (Kastellorizo, 2021), à la Fondation Grantham (Saint-Edmond-de-Grantham, 2019), à la Galerie Division (Montréal, 2018), à Biquini Wax (Mexico, 2018) et à Ncontemporary (Milan, 2018). Sélectionnée pour exposer ses oeuvres lors de la triennale du London Open (Whitechapel Gallery, Londres, 2015) et à l’International Print Biennale (Hatton Gallery, Newcastle, 2014), Julie Roch-Cuerrier a également réalisé des résidences à SAGAMIE (Alma, 2023), à SOMA (Mexico, 2018) et au National Glass Centre (Sunderland, 2014). Mise en nomination pour le StartPoint Prize (2015) et le Young Masters Art Prize (2014), Julie Roch-Cuerrier est aussi récipiendaire de bourses du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec. Son travail a été commenté dans divers périodiques culturels tels que Espace Art Actuel, Vie des arts et Le Sabord. Depuis 2019, elle collabore avec la commissaire Joséphine Rivard sur des projets de diffusion et de correspondances écrites, qui ont notamment été soutenus par la Maison de la culture Rosemont-La Petite-Patrie (Montréal, 2022), Verticale (Laval, 2021) et EXPRESSION (Saint-Hyacinthe, 2021). En 2024, elle participera à l’exposition Fil, Flux, Figment à Le Livart (Montréal), à une résidence d’artiste à Vaste et Vague (Carleton-sur-Mer), et présentera Pollinisation, sa deuxième exposition individuelle à Montréal, au Centre culturel Georges-Vanier.